Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez en février? Avant que les mots « quarantaine », « PCU » et « distanciation sociale » entrent dans notre vocabulaire quotidien? Il y a peu de chances que vous consacriez beaucoup de temps à penser à notre système de santé, à la manière dont le gouvernement pourrait développer de nouvelles politiques, ou aux rouages internes des parlements provinciaux. Pour la plupart d’entre nous, les institutions publiques qui ont occupé le devant de la scène pendant cette pandémie n’étaient pas vraiment en tête de nos préoccupations en février dernier. Mais, grâce à un projet de recherche lancé par la Fondation Rideau Hall avant que la COVID-19 ne fasse partie de notre réalité collective, nous avons maintenant un aperçu unique et exceptionnel de la perception qu’ont les Canadien.ne.s de nos institutions publiques, et de la façon dont ces sentiments ont évolué au cours de nos semaines d’isolement. Voici l’histoire qu’il raconte.

En février dernier, la Fondation Rideau Hall (FRH) a entrepris de mener une recherche pour comprendre ce que les Canadien.ne.s pensent de leurs institutions publiques (y compris du gouvernement, du système de santé, de l’éducation, de la justice, des nouvelles et des médias), de la façon dont nos institutions sont interconnectées et de la possibilité d’accroître l’engagement entre les Canadien.ne.s et ces institutions pour maintenir une démocratie saine.

Puis la pandémie COVID-19 a frappé, changeant fondamentalement la façon même dont nous interagissons avec les gens (sans parler des institutions), limitant notre capacité à voyager, et provoquant un effet d’entraînement dans l’économie canadienne d’un océan à l’autre. C’est dans cet esprit que la FRH a saisi l’occasion de mener une deuxième enquête, au mois de mai, pour voir comment la réponse du Canada à la pandémie a modifié l’impression qu’a le public des institutions canadiennes.

Les résultats nous rendent optimistes pour l’avenir. Malgré les bouleversements provoqués par la COVID-19, les Canadien.ne.s sont devenu.e.s plus optimistes quant à l’avenir de notre pays et aux institutions publiques qui le soutiennent.

Depuis le début de la pandémie, plus de la moitié des Canadien.ne.s estiment que notre pays est sur la bonne voie, soit une augmentation de 9 % par rapport à février. Ce changement est significatif et peut sembler contre-intuitif en raison aux perturbations et à l’incertitude que beaucoup d’entre nous ont ressentie ces derniers mois.

Au cours des 14 dernières semaines, nous avons été témoins de la pression exercée sur notre système de santé, nos institutions financières et nos systèmes politiques aux niveaux municipal, provincial et fédéral. Cependant, au lieu de s’effondrer, ces institutions se sont ajustées d’innombrables façons pour mieux servir les Canadien.ne.s en cette période de besoin.

Et pour la plupart, les personnes interrogées dans le cadre de notre enquête ont estimé que nos institutions publiques répondaient non seulement à la pression, mais faisaient preuve d’efficacité et de résilience. En effet, 76 % d’entre elles/eux affirment que les institutions publiques canadiennes ont très bien réagi à la pandémie de COVID-19 jusqu’à présent.

La pandémie a créé une occasion d’interagir avec nos institutions et de réfléchir à leur rôle comme on ne l’avait peut-être jamais fait auparavant. La pandémie a renforcé, à bien des égards, la nécessité de disposer d’institutions publiques fortes, capables de répondre aux crises et de soutenir les Canadien.ne.s lorsqu’elles/ils en ont le plus besoin.

Mais il reste encore beaucoup à faire. La pandémie de COVID-19 a touché les Canadien.ne.s de tous âges, mais les recherches montrent que l’impact qu’elle a eu sur les jeunes Canadien.ne.s semble beaucoup plus nuancé. Les jeunes Canadien.ne.s âgé.e.s de 18 à 29 ans sont moins susceptibles de s’engager que celles/ceux âgé.e.s de 60 ans ou plus. Et si les jeunes Canadien.ne.s ont une impression positive de notre pays dans son ensemble, elles/ils sont aussi celles/ceux qui ont le moins confiance en les institutions publiques du Canada en raison de la pandémie.

Au cours des dernières semaines, le racisme systémique qui est omniprésent dans nos institutions a fait l’objet d’un examen plus approfondi. Il est évident que l’idée que les Canadien.ne.s se font des institutions publiques du pays continuera à évoluer, mais elle ne peut être améliorée uniquement si nous y prêtons attention. Une fois la COVID passée, nous devons maintenir notre engagement envers nos institutions publiques, afin de nous assurer qu’elles sont ouvertes et accessibles, qu’elles reflètent la composition de notre pays et qu’elles nous servent de la meilleure façon possible. Nous devons les mettre au défi, poser les questions difficiles et trouver des moyens de susciter des changements positifs pour tous les Canadien.ne.s. Ce n’est que par le biais d’une participation et un engagement actifs que nous pourrons garantir la santé de nos institutions publiques, aujourd’hui et pour les générations futures.

Teresa Marques
Présidente-directrice générale, Fondation Rideau Hall

 

Les résultats de l’étude sont disponible ici. (Disponible en anglais uniquement.)

En savoir plus sur l’évolution des perceptions concernant les institutions publiques canadiennes.