Par Teresa Marques, présidente-directrice générale, Fondation Rideau Hall

L’engagement citoyen est un thème très populaire cet automne au Canada. La participation des Canadiens aux élections fédérales 2019 a atteint 65,95 % d’électeurs admissibles. Bien qu’inférieur à celui de 2015, ce taux est malgré tout élevé par rapport à certaines élections passées. Fait peut-être plus intéressant, les données d’Élections Canada indiquaient une hausse record de l’ordre de 29 % de la participation au vote par anticipation par rapport à celle de 2015. Quoique cette augmentation suggère un souci croissant envers la démocratie, il importe de se rappeler que l’idée même de la cohésion sociale dépend de la participation citoyenne – qui va bien au-delà du vote – et doit être soutenue tout au long de l’année.

La mesure du don de bienfaisance et de l’action bénévole constitue un important indicateur de la santé communautaire. Il y a quelques années, nous avons publié une étude marquante intitulée « Trente ans de don au Canada » en collaboration avec Imagine Canada. Nous avons constaté que les dons sont en baisse dans toutes les tranches d’âge, et que le bassin de Canadiens âgés qui nourrit la croissance du revenu du secteur diminue également, ce qui signifie que les organismes de bienfaisance et les organismes sans but lucratif sollicitent un groupe de donateurs âgés plus nantis de moins en moins nombreux.

À cela s’ajoute la confiance fluctuante des Canadiens envers le secteur non gouvernemental (ONG). Selon le baromètre de confiance Edelman 2019, seulement 54 % des répondants de l’ensemble de la population indiquent avoir confiance envers les quatre principales institutions, soit les ONG, les entreprises, le gouvernement et les médias.

La confiance envers les ONG est implicitement liée à la capacité du secteur à améliorer la qualité de vie et à accentuer le sentiment d’appartenance. Nous, acteurs du secteur à but non lucratif et caritatif, devons faire mieux pour mobiliser les Canadiens autour du travail que nous faisons. Chacun des 170 000 organismes caritatifs, à but non lucratif et bénévoles joue un rôle pivot dans le renforcement et l’enrichissement de notre société. On ne saurait trop insister sur les retombées positives qu’engendre le secteur (et ses millions de bénévoles) : soutien de la recherche scientifique, amélioration des soins de santé, préservation de notre environnement ou enrichissement de nos collectivités par l’intermédiaire des arts et de la culture. La force du secteur caritatif canadien constitue assurément un atout indéniable pour notre pays.

Les leaders et les partisans du secteur à but non lucratif et caritatif ont un rôle déterminant à jouer dans le rétablissement de la confiance des Canadiens envers nos institutions. Nous avons le pouvoir de rassembler les gens autour de causes importantes et du désir de dynamiser nos collectivités et de les servir au mieux. Nous pouvons mettre en lumière les actions positives et les gens qui aident les autres et souligner l’importance de cultiver l’empathie – non seulement la nôtre, mais aussi celle de nos institutions. Accorder une plus grande attention aux habitudes de don bénéficiera non seulement aux causes et organisations vitales de partout au Canada, mais renforcera aussi notre noyau civique d’une manière durable et qui excède le cycle électoral de quatre ans.

Cet article a été initialement publié (en anglais) dans le Globe and Mail, le 15 novembre 2019.