Les 7 et 8 octobre derniers, la Fondation Rideau Hall (FRH) a accueilli près de 200 personnes à l’occasion du Sommet national sur la formation des enseignant.e.s autochtones. Ayant pour titre « The Path Forward », cet événement s’est tenu à Winnipeg, sur le territoire du Traité no 1, terre ancestrale de la communauté métisse de la rivière Rouge et terre traditionnelle des peuples anichinabés (ojibwés), ininew (cris) et dakotas.

Des leaders, des représentant.e.s d’institutions, des décideurs et décideuses, des partenaires communautaires, des allié.e.s et des enseignant.e.s autochtones se sont rassemblé.e.s pour créer une vision commune qui permettra de déployer des efforts significatifs en vue de transformer les systèmes et les structures qui soutiennent la formation des enseignant.e.s autochtones. Le sommet, dont le thème était « Semer, cultiver et éclore », a offert séances animées, prestations culturelles et occasions d’apprentissage mettant en lumière des pratiques judicieuses, des difficultés systémiques et des solutions communautaires.

Les discours de Niigaan Sinclair, de Keiki Kawai’ae’a et de Ronald E. Ignace, commissaire aux langues autochtones, ont suscité des réflexions profondes sur l’enseignement autochtone, la revitalisation linguistique et le leadership intergénérationnel. Leurs messages ont inspiré un engagement mutuel à intégrer le savoir autochtone aux systèmes d’éducation et à soutenir la prochaine génération d’enseignant.e.s autochtones.

Une vision fondée sur la langue, la terre et la communauté

Tout au long du sommet, les participant.e.s ont fait ressortir une vision commune : un avenir où chaque enfant autochtone apprend dans sa propre langue, par ses propres histoires et visions du monde, grâce aux enseignements d’enseignant.e.s autochtones de sa communauté.

Les séances plénières et en petits groupes ont porté sur la revitalisation linguistique, l’apprentissage sur les terres ancestrales, l’agrément et les politiques, le bien-être des enseignant.e.s et les voies d’accès à la profession enseignante pour les jeunes. Beaucoup de participant.e.s ont abordé la nécessité, pour les enseignant.e.s autochtones, d’obtenir une formation qui soit « dirigée par les communautés autochtones, offerte en communauté, pour la communauté », et fondée sur l’immersion linguistique et le savoir culturel.

« Pour reprendre le contrôle de notre éducation, du préscolaire à la 12e année. Pour former nos propres enseignant.e.s par l’entremise de notre propre programme de formation, et pour transitionner vers un centre d’apprentissage communautaire fondé sur nos façons de connaître et d’être. »

Participant.e à l’atelier de définition des actions à entreprendre

Élever la voix des jeunes et des communautés

Les perspectives des jeunes ont été l’une des priorités du rassemblement. Des étudiant.e.s et des diplômé.e.s de programmes de formation d’enseignant.e.s autochtones ont échangé sur leur parcours personnel et sur l’influence qu’ont eue à cet égard les personnes exemplaires, la fierté culturelle et le leadership communautaire.

Les ateliers concernant l’apprentissage sur les terres ancestrales et l’intégration des langues ont offert des stratégies pratiques pour introduire la culture dans les classes.

« Aménager ma classe comme une table de cuisine. Je ne suis pas un enseignant. Je suis un oncle. Mes élèves sont mes nièces et mes neveux; mon programme est un repas partagé et une visite agréable. »

Réflexions d’un participant, jour 2

Engagements réalisables pour l’avenir

Dans le cadre d’un atelier collectif de définition des actions à entreprendre, les participant.e.s ont défini des priorités claires pour faire progresser la formation des enseignant.e.s autochtones partout au Canada. En voici des exemples :

  • La revitalisation linguistique comme pilier central de la formation des enseignant.e.s et de l’éducation du préscolaire à la 12e année.
  • Une gouvernance communautaire des programmes de formation des enseignant.e.s, y compris des processus d’agrément dirigés par les Autochtones.
  • Un financement et une infrastructure améliorés pour soutenir les programmes de langues et les enseignant.e.s autochtones tout au long de leur carrière.
  • Des espaces d’apprentissage ancrés dans la culture, où l’enseignement quotidien taille une place aux cérémonies, aux liens de proximité et au territoire.

« L’avenir de la formation des enseignant.e.s dans nos communautés repose sur le renforcement des parcours qui sont dirigés par les Autochtones, fondés sur le territoire et ancrés dans la langue et la culture. »

Participant.e à l’atelier de définition des actions à entreprendre

Appel collectif à l’action et engagement de la FRH
Les conversations tenues et les engagements pris à Winnipeg contribueront à dessiner l’avenir de la formation des enseignant.e.s autochtones au Canada. Nous avons assisté à l’essor d’un mouvement dont le but est de s’assurer que le savoir, les langues et le leadership autochtones sont au cœur des systèmes de formation partout au pays.

Par l’entremise de l’Initiative de formation des enseignant.e.s autochtones (FEA), la FRH collabore avec des communautés et des organisations autochtones, de même qu’avec le Comité consultatif national sur la formation des enseignant.e.s autochtones (CCNFEA), pour concrétiser cette vision. Les enseignant.e.s autochtones inspirent le changement. Ils et elles encouragent les jeunes à se voir comme des leaders, renforcent les environnements d’apprentissage communautaires et contribuent à façonner un avenir où l’enseignement dirigé par des Autochtones est la norme, et non pas l’exception.

Guidée par le cadre « Semer, cultiver et éclore », l’Initiative FEA de la FRH investit dans des programmes dirigés par des Autochtones, soutient les enseignant.e.s et les communautés et amplifie le leadership et les voix autochtones. Les rassemblements nationaux comme « The Path Forward » sont une façon pour nous de créer un espace propice à la réalisation d’une vision partagée, à la collaboration et au passage à l’action dans le but de transformer les systèmes d’éducation pour les générations à venir. Un rapport présentant les idées et les priorités clés du sommet sera publié au début du mois de décembre.