OTTAWA — Le Forum des politiques publiques (FPP), en partenariat avec la Fondation Rideau Hall et la Fondation des Prix Michener, confirme dans un nouveau rapport que l’effondrement des nouvelles locales menace les fondements mêmes de la démocratie canadienne. Publié aujourd’hui, L’information en question : Renforcer la démocratie en restaurant la couverture médiatique des élections révèle comment des millions de personnes sont allées aux urnes le printemps dernier en ayant peu d’information (voire aucune) sur les propositions de leurs candidat.e.s.
Le rapport examine ce qui arrive lorsqu’une grande élection nationale se déroule dans un contexte d’effondrement des nouvelles locales. Un nouveau sondage Ipsos commandé pour ce rapport révèle que :
- 70 % des Canadien.ne.s pensent que d’avoir eu accès à plus de nouvelles locales les aurait mieux préparé.e.s aux élections.
- 63 % des personnes privées d’informations locales dans leur communauté n’étaient pas au courant des opinions des candidat.e.s dans leur localité (comparativement à 35 % dans les régions où des nouvelles locales sont diffusées). De plus, 53 % des personnes privées de nouvelles locales dans leur communauté ont été incapables de trouver dans les sources médiatiques fiables des renseignements sur les candidat.e.s de leur circonscription.
- 57 % des personnes interrogées estiment ne pas avoir été suffisamment informées par les médias, ou que davantage d’information les aurait aidées à voter de manière mieux éclairée.
(Ipsos a réalisé ce sondage en juillet 2025. Parmi les répondant.e.s, 25 % vivaient dans des localités de 1 000 à 10 000 personnes, 25 % dans des villes de 10 000 à 99 999 habitant.e.s, et 50 % dans des villes de 100 000 personnes et plus. Les résultats sont considérés comme représentatifs à ±3,8 points de pourcentage près, 19 fois sur 20.)
« La situation dépasse le simple enjeu médiatique. Les fondements mêmes du Canada en tant que “communauté de communautés” sont ébranlés », souligne Inez Jabalpurwala, présidente-directrice générale du Forum des politiques publiques. « Nous savions déjà que le dynamisme des communautés est source de prospérité pour une nation. Et là, la population nous dit haut et fort qu’avoir des nouvelles locales de confiance est une nécessité pour prendre des décisions démocratiques éclairées. »
Le sondage a également révélé que seulement 19 % des électeurs et électrices ont voté en fonction de la candidate ou du candidat local. Comparativement, 49 % ont basé leur choix sur le parti, et 32 % sur le ou la chef de parti. Trois quarts (74 %) des Canadien.ne.s trouvent qu’on parle trop des chefs de parti et pas assez des candidates et candidats locaux et des enjeux propres à leur région. Autre fait notable : 14 % de l’électorat s’est surtout informé sur Facebook pour choisir pour qui voter, et ce, même si la plateforme bloque les nouvelles du Canada sur sa plateforme.
« Il s’agit très probablement de l’élection fédérale la moins bien couverte dans l’histoire moderne du Canada », peut-on lire dans le rapport. « Des millions d’électeurs et électrices sont allés voter en ne sachant rien ou presque de leurs candidats locaux, et en s’étant nourris principalement des discours toxiques qui circulent sur les réseaux sociaux. »
Le rapport, rédigé par Tim Harper, Sara-Christine Gemson et Alison Uncles, se penche sur cinq communautés – Bonavista (T.-N.-L.), Richmond (C.-B.), Laval (Qc), Vaughan (Ont.) et Yellowknife (T.N.-O.) – pour montrer comment la présence variable de nouvelles locales influe sur la conscience citoyenne et la mobilisation de l’électorat. Il dévoile d’importantes lacunes démocratiques, notamment dans les communautés où la couverture électorale s’est pour ainsi dire limitée aux publicités financées par les candidat.e.s et à la mésinformation circulant sur Facebook. Dans certains cas, des candidat.e.s ont tout simplement été zappés par les médias.
Malgré les ombres au tableau, le rapport présente une idée qui pourrait faire du chemin pour améliorer les choses : « Couvrir le Canada : Élections 2025 », un fonds journalistique non partisan créé par le Forum des politiques publiques (en partenariat avec la Fondation Rideau Hall et la Fondation des Prix Michener) qui a permis de remettre 525 000 $ en financement philanthropique à 40 médias locaux pendant la dernière campagne électorale. Le fonds résulte des dons versés par les fondations Rossy, Echo, Donner, Gordon et Metcalf.
« Avoir un électorat mieux informé est une priorité non partisane qui profitera à toute la population canadienne », maintient Teresa Marques, présidente-directrice générale de la Fondation Rideau Hall. « Le fonds Couvrir le Canada avait pour objectif d’aider à ce qu’il y ait une couverture médiatique dans les communautés qui autrement auraient probablement été ignorées, et de s’assurer que les fonds sont distribués efficacement pour soutenir les petites salles de presse locales, le journalisme d’intérêt public et la démocratie canadienne. »
Le rapport s’inscrit dans une initiative plus large du FPP, « Mission Canada », qui associe la force et la prospérité du pays à une saine démocratie. Il encourage la création d’un fonds permanent et non partisan dédié au journalisme électoral afin que les médias locaux disposent des ressources nécessaires pour assurer une couverture de qualité lors des futures campagnes électorales.
« Vu l’état de dévastation de l’écosystème des médias locaux, cette aide supplémentaire était requise en période électorale – et le sera encore », énonce le rapport. « Simplement espérer que ça s’arrange n’est pas viable. Nous refusons de laisser nos plus importantes institutions s’en remettre à l’espoir pour survivre. »
Pour plus d’information, veuillez contacter :
Alison Uncles, Vice-présidente, PPF Media + Communications, Forum des politiques publiques, auncles@ppforum.ca; Allison MacLachlan, Directrice, relations externes et mobilisation du public, Fondation Rideau Hall, Allison.maclachlan@rhf-frh.ca