À la mi-juin, Abacus Data a réalisé un sondage national d’opinion publique à la demande de la Fondation Rideau Hall. Le sondage a été mené auprès de 1 750 jeunes Canadiens âgés de 16 à 24 ans et visait à mieux comprendre comment les jeunes définissent leur communauté et y participent par des actions comme le bénévolat.
Peu de recherches se penchent sur la façon dont les jeunes caractérisent la communauté et sur l’incidence que leurs définitions exercent sur leur participation communautaire, surtout depuis la pandémie de COVID-19. Les résultats de notre sondage montrent que le fait d’investir dans le sentiment d’appartenance d’un jeune favorise considérablement la création d’un esprit communautaire. Donner aux jeunes un espace qui leur appartient cultive leur désir de s’engager, de redonner et d’encourager leurs semblables à faire de même.
@rhf.frh.canada Comment est-ce que les jeunes Canadien-ne-s définissent communauté et le bénévolat? ##jeunesse ##communauté ##bénévolat ##Canada ##fyp
La corrélation entre l’esprit communautaire et le service à la communauté est forte – ceux qui se sentent soutenus, soutiennent. Cependant, avec un lien aussi fort, l’inverse est aussi vrai. Ceux qui ne se sentent pas soutenus ne sont pas enclins à donner en retour. Ne pas donner aux jeunes l’occasion de cultiver cet esprit communautaire risque d’accroître les divisions dans notre société.
LA COMMUNAUTÉ SE RAPPORTE DAVANTAGE À UN SENTIMENT QU’À UN LIEU; LA COMMUNAUTÉ ÉVOLUE AVEC LE TEMPS
Lorsqu’on leur demande de décrire la « communauté » dans leurs propres mots, les jeunes Canadiens ont tendance à parler du sentiment qu’ils éprouvent à l’égard d’une communauté, plutôt que d’utiliser un attribut spécifique comme le lieu, les membres, etc. Des qualificatifs comme « amicale », « bienveillante » et « conviviale » sont couramment utilisés lorsqu’on leur demande de fournir leur définition.
LA PANDÉMIE A EU UNE INCIDENCE SUR NOS COMMUNAUTÉS ET MODIFIÉ NOTRE FAÇON DE LES DÉFINIR ET D’Y ACCÉDER
La pandémie a eu un impact sur les communautés des jeunes au Canada, pour le meilleur et pour le pire. En effet, 27 % d’entre eux ont déclaré qu’il leur était plus facile d’établir des liens avec leur communauté, la pandémie les ayant en quelque sorte incités à solidifier et à renforcer les relations dans leur entourage. Ces répondants font toutefois exception, puisque 55 % des jeunes Canadiens affirment qu’il leur a été plus difficile d’établir des liens avec leur communauté depuis le début de la pandémie.
Il importe de noter que la manière dont une majorité de jeunes définissent leur communauté a changé depuis le début de la pandémie. Les jeunes sont tout aussi susceptibles d’inclure ceux qu’ils rencontrent en ligne (26 %) dans leur communauté restreinte (les gens avec lesquels ils ressentent le lien le plus fort) que leurs voisins vivant dans le même quartier (27 %). Pareillement, les valeurs, la morale et les intérêts communs sont bien plus importants que le fait de se trouver dans le même lieu physique.
L’ESPRIT COMMUNAUTAIRE EXERCE UN IMPACT RÉEL QUI VA AU-DELÀ DE NOTRE PROPRE SENTIMENT D’APPARTENANCE
Peu importe la définition, le fait d’avoir un esprit communautaire fort s’avère crucial. Non seulement cet aspect aide les jeunes à éprouver un sentiment d’appartenance, il accroît en outre leurs chances de participer activement à la communauté, quelle qu’en soit la forme.
Bien que cela semble aller de soi, l’esprit communautaire ne consiste pas seulement à profiter de ce que la communauté offre, mais aussi à donner en retour. Il ne suffit pas de parler du désir d’un jeune de donner en retour, il faut y aller de gestes concrets.
Parmi ceux qui ont le sentiment d’appartenir à au moins une communauté, 52 % font du bénévolat (de manière formelle ou informelle). Parmi ceux qui n’ont pas le sentiment d’appartenir à une communauté, ce chiffre chute de 16 points pour atteindre 36 %.
La corrélation entre esprit communautaire et service à la communauté est forte. L’un des principaux facteurs explicatifs de l’esprit communautaire n’est pas le revenu, l’âge ou le sexe, mais le fait qu’une personne soit bénévole ou non. L’esprit communautaire est l’un des principaux facteurs explicatifs de la participation bénévole d’un jeune. Le fait qu’un groupe de jeunes éprouve un fort sentiment d’appartenance fait de ses membres des jeunes qui veulent participer activement à l’essor de leur communauté et en faire un endroit où il fait bon vivre.
Les jeunes comptent souvent sur leur communauté pour leur offrir un réseau de soutien et des lieux où ils peuvent faire partie de quelque chose de plus vaste. La pandémie a toutefois compliqué l’établissement de ces liens; la moitié des jeunes sondés déclarant s’être éloignés de leur communauté. Cette situation compromet leurs perspectives de trouver leur place et réduit d’autant plus leurs chances de renforcer les communautés auxquelles ils appartiennent.
LA COMMUNAUTÉ : OUVERTE, MAIS PARFOIS EXCLUSIVE
Pour ceux qui font partie d’une communauté, le plaisir qu’elle leur procure est contagieux. Lorsque les jeunes ressentent un esprit communautaire fort, ils sont beaucoup plus susceptibles de vouloir que d’autres ressentent la même chose et de travailler au service de leur communauté en faisait du bénévolat.
Le fait que leurs parents soient engagés ou non dans la communauté constitue le deuxième plus grand facteur explicatif de l’esprit communautaire des jeunes. La situation financière des parents apparaît en troisième place. Le fait d’être issu d’une famille qui valorise le service à la communauté et qui dispose de fonds lui permettant d’y consacrer du temps est un facteur important pour déterminer si les jeunes éprouveront un sentiment d’appartenance à une communauté.
L’exclusivité des communautés n’a pas trait à l’âge, au sexe ou au revenu, mais plutôt au statut socio-économique. Le fait d’avoir des parents ou des modèles qui donnent l’exemple en matière de bénévolat permet d’entrer dans un réseau de bénévoles et fournit une aide financière pour adhérer à un club, un sport ou une organisation. Il s’agit de facteurs explicatifs beaucoup plus importants de l’esprit communautaire d’un jeune que son âge, son sexe ou son origine ethnique.
Nous savons que la relation entre le sentiment d’appartenance et le fait de servir sa communauté est puissante. Nous devons tirer parti de ce lien et l’utiliser à notre avantage pour bâtir des communautés plus fortes.
LE RÉSULTAT
La création et la protection d’un esprit communautaire constituent une priorité. Il importe que les jeunes aient accès à un lieu où ils se sentent à l’aise pour favoriser leur bien-être personnel. En outre, lorsqu’ils se sentent eux-mêmes soutenus, même à l’âge adulte, les jeunes ont davantage envie de participer activement à leur communauté et de donner en retour.
Nous avons constaté un lien similaire entre les adultes qui se sentent liés aux institutions publiques et leur engagement citoyen – ceux se sentant liés aux institutions publiques et estimant qu’elles sont pertinentes sont beaucoup plus susceptibles d’être actifs sur le plan civique et de voter aux élections. De même, les jeunes qui se sentent liés à leur communauté sont plus susceptibles d’y occuper un rôle actif et de faire du bénévolat.
Il est tout aussi important de renforcer l’esprit communautaire parmi les jeunes déjà membres d’un réseau que d’offrir aux autres la possibilité de s’y joindre. Si la communauté est vraiment ouverte, nous devrions nous efforcer d’être pertinents et accessibles, de devenir plus inclusifs et de créer des occasions pour y attirer davantage de jeunes. Il est maintenant temps d’agir. La pandémie a influencé, modifié et façonné notre définition de la communauté. Nous avons été isolés de ceux qui nous entourent, mais nous avons aussi permis à notre propre définition de la communauté de changer et de s’éloigner du lieu physique. Les jeunes, à l’instar de leur communauté, s’épanouissent lorsque des liens se tissent. Pour la moitié des jeunes au Canada, cependant, ces liens ont été mis à rude épreuve.
La création d’une communauté peut permettre de lutter contre les dissensions croissantes que nous observons sur les médias sociaux et dans les communautés en ligne, dissensions qui ne font que s’exacerber depuis le début de la pandémie. Si nous ne nous efforçons pas de promouvoir l’esprit communautaire, nous risquons de voir un nombre croissant de jeunes se sentir déconnectés et incapables de réaliser leur plein potentiel.
Plutôt que de laisser la pandémie nous diviser, nous devons faire front commun pour renforcer ce qui nous a unis par le passé et inviter d’autres personnes, que nous n’aurions peut-être pas considérées comme faisant partie de notre communauté, à se joindre à nous.