En décembre 2021, Abacus Data a réalisé une enquête d’opinion publique nationale commandée par la Fondation Rideau Hall dans le cadre d’une consultation plus large liée au renforcement du programme Forum pour jeunes Canadiens. L’enquête a été menée auprès de 1 750 jeunes au Canada, âgé.e.s de 16 à 24 ans, et de 700 enfants (par l’intermédiaire de leurs parents) âgé.e.s de 12 à 15 ans. Les intentions de l’enquête étaient de comprendre les niveaux d’engagement civique chez les enfants et les jeunes au Canada, leurs perceptions de l’espace ainsi que les intentions d’engagement.

À l’heure actuelle, la plupart des jeunes sont intéressé.e.s par l’engagement civique et souhaitent savoir comment s’impliquer.

La majorité des jeunes et des enfants au Canada estiment qu’il est important d’être des membres actifs.ives de leur communauté. 74 % des jeunes et 87 % des enfants estiment qu’il est important pour eux.elles de participer activement à la résolution des problèmes de leur communauté.

Non seulement les jeunes Canadien.ne.s reconnaissent l’importance d’agir, mais ils.elles sont prêt.e.s à à faire le nécessaire pour s’impliquer davantage. 78 % des jeunes et 90 % des enfants veulent en savoir plus sur la façon dont ils.elles peuvent faire une différence positive dans leur communauté.

78 % des jeunes et 90% des enfants veulent savoir plus sur la façon dont ils peuvent faire une différence positive dans leurs communautés

Pour convertir leur intérêt en engagement, le langage est essentiel.

Bien que la plupart des jeunes soient intéressé.e.s par le « concept » d’engagement civique, il est essentiel de formuler l’invitation à participer. Ils.elles veulent s’impliquer, mais si l’invitation semble inauthentique, inaccessible ou peu familière, ils.elles ne sont pas aussi intéressé.e.s à participer.

L’expression « engagement civique » elle-même est un excellent exemple de l’importance du langage. Lorsqu’on leur donne une liste de 6 types spécifiques d’options d’engagement civique (service communautaire, engagement politique indirect et direct, etc.), 87 % des jeunes et 89 % des enfants sont intéressé.e.s par au moins une option.

La plupart des jeunes et des enfants sont intéressés par l'engagement politique.

Cependant, lorsque nous leur avons demandé s’ils.elles étaient intéressé.e.s par « l’engagement civique », seulement 69 % des jeunes ont répondu « oui » et 42 % des enfants (âgé.e.s de 12 à 15 ans) ont déclaré ne pas savoir ce que signifie l’expression « engagement civique ».

Que l’expression « engagement civique » ait des connotations moins positives ou qu’elle ne fasse tout simplement pas partie de leur vocabulaire, inviter les jeunes à participer fonctionne mieux lorsqu’on leur fournit des détails sur le type spécifique d’engagement, ou lorsque l’invitation est présentée comme un moyen de résoudre des problèmes et de faire une différence dans leurs communautés.

Tou.te.s les jeunes au Canada n’ont pas forcément l’occasion de participer à l’engagement civique, même au niveau local et même s’ils.elles estiment que c’est important.

L’intérêt pour les opportunités d’engagement civique est fort, mais moins de la moitié des jeunes sont actuellement impliqué.e.s (42 %). Il est intéressant de noter que la participation des enfants est plus élevée, se rapprochant des deux tiers, ce qui suggère que la participation diminue à mesure que les jeunes passent le cap de l’école secondaire.

Il est probable qu’à mesure que les jeunes prennent de l’âge, les contraintes de temps et de coûts (les deux principaux obstacles à la participation) deviennent un facteur plus important, car les jeunes peuvent avoir besoin de trouver un emploi à temps partiel pour couvrir les dépenses à la maison, sauf pour les études postsecondaires, ou peuvent avoir d’autres responsabilités qui occupent leur temps.

Un autre obstacle qui semble croître à mesure que les jeunes vieillissent est lié à la confiance en soi. Les trois quarts des jeunes (et les deux tiers des enfants) disent ne pas se sentir qualifié.e.s pour les opportunités dont ils.elles ont entendu parler ou qu’ils.elles connaissent. 63 % des jeunes (et 51 % des enfants) ne se sentent pas les bienvenu.e.s pour participer à des activités d’engagement civique.

Combattre ces perceptions (ainsi que les obstacles liés au coût et au temps) sera une étape importante pour augmenter le nombre de jeunes qui s’impliquent civiquement.

Compte tenu de l’écart entre le nombre de jeunes intéressé.e.s et ceux.celles qui sont actuellement impliqué.e.s, il existe une opportunité évidente de croissance dans l’espace de programmation de l’engagement civique des jeunes.

Un domaine à potentiel de croissance est la mise en évidence du lien entre les organisations locales et les institutions.

Les jeunes ont tendance à s’engager au niveau local, par exemple en faisant du bénévolat dans leur communauté ou en s’impliquant dans un organisme à but non lucratif, plutôt que de s’impliquer dans d’autres formes d’engagement civique comme par exemple, faire pression pour obtenir une nouvelle législation ou des changements dans la politique gouvernementale. Lorsque les jeunes ont le choix entre ces deux types d’engagement, l’engagement local l’emporte à deux contre un.

Les jeunes perçoivent l’engagement au niveau local comme étant plus « accessible », « flexible » et « moins encombré de règles », ce qui permet de voir plus facilement l’impact de leur service.

Comme l’a dit un jeune : « Je pense qu’un facteur de motivation important pour vouloir changer le monde ou avoir un impact sur le monde est de voir ce changement ou cet impact se produire. Institutionnellement, même une fois qu’une personne peut arriver à un point où elle est capable de faire une différence ou d’adopter un changement, elle peut ne pas être en mesure de voir l’impact personnellement. »

Mais demandez à un.e jeune quelle option est la plus efficace pour faire changer les choses et les options sont liées.

Faire changer les institutions gouvernementales prend beaucoup de temps

Selon les mots des jeunes eux.elles-mêmes, « les deux catégories sont importantes et interdépendantes. Sans le niveau local, l’institution n’a pas le plaidoyer et sans l’institution, le niveau local n’a pas l’envergure ou la portée ».

Les jeunes Canadien.ne.s sont intrigué.e.s par la possibilité d’apporter des changements au sein des institutions et voient la valeur de cette participation, mais ne s’y intéressent pas encore. Les opportunités et les programmes qui augmentent l’accessibilité de ce type d’engagement et exposent les jeunes à ces avenues de changement seront accueillis avec un intérêt bienvenu. C’est une excellente voie à explorer lorsque l’on cherche des moyens d’impliquer davantage de jeunes dans l’engagement civique.

Enfin, pour acquérir de l’expérience sur la voie de l’engagement civique, les jeunes recherchent une expérience pratique en personne au sein de laquelle ils.elles peuvent commencer à voir les conséquences positives de leurs actions.

68 % des jeunes (55 % des enfants) sont intéressé.e.s par un projet ou une initiative qui ferait une différence dans leur communauté. 61 % des jeunes (44 % des enfants) sont intéressé.e.s par une conférence ou un atelier de plusieurs jours offert une fois par année. 56 % des jeunes (48 % des enfants) sont intéressé.e.s par un réseau national de pairs.

Dans chacun de ces programmes, les jeunes recherchent des opportunités en personne qui leur permettent de s’impliquer dans des opportunités pratiques et personnelles qui rassemblent des jeunes.

Comme l’a dit un jeune ayant une expérience de l’engagement civique, « les événements en personne permettent une expérience d’apprentissage plus immersive et pratique. En général, la création d’une communauté est mieux facilitée lorsque les participant.e.s peuvent se rencontrer en personne. »

La possibilité de mettre en pratique des compétences dans un cadre favorable et d’apprendre auprès de mentors et de pairs est l’approche la plus efficace pour attirer les jeunes et leur permettre de voir l’impact de leur engagement civique continu après le programme.

LE RÉSULTAT

 Le domaine de l’engagement civique des jeunes et des enfants est un espace en constante évolution et qui présente un fort potentiel pour l’avenir. Bien que les jeunes d’aujourd’hui aient vécu un certain nombre d’événements au cours des dernières années qui ont accru le besoin d’expérimenter ce potentiel, cela les a également exposés aux limites de l’engagement existantes. Et cela a changé la façon dont une personne peut s’impliquer dans sa communauté avec l’apparition de nouvelles opportunités et le déclin d’autres.

À travers tout cela, les jeunes montrent de grandes promesses pour l’avenir. Le désir de cette nouvelle génération d’aider leur communauté est clair et les jeunes sont prêt.e.s à effectuer le travail pour apprendre et s’impliquer.

Nous devons tirer parti de cette motivation en nous efforçant d’éliminer les obstacles, de créer une invitation accueillante, de faciliter l’apprentissage d’une manière qui soutienne les jeunes là où ils.elles se trouvent, et de leur donner les moyens de faire une différence longtemps après la fin de l’expérience.

Cliquez ici pour en savoir plus sur ce travail et sur d’autres recherches du Forum pour jeunes Canadiens.

METHODOLOGIE

L’enquête auprès des jeunes a été réalisée en ligne, du 26 novembre au 21 décembre 2021, auprès de n = 1 750 résident.e.s canadien.ne.s âgé.e.s de 16 à 24 ans. La marge d’erreur pour un échantillon aléatoire probabiliste comparable de même taille est de +/ 2,34 %, 19 fois sur 20.

L’enquête auprès des enfants a été réalisée en ligne, du 26 novembre au 3 décembre 2021, auprès de n = 700 résident.e.s canadien.ne.s âgé.e.s de 12 à 15 ans (par l’intermédiaire de leurs parents). La marge d’erreur pour un échantillon aléatoire probabiliste comparable de même taille est de +/- 3,7 %, 19 fois sur 20.

Les données ont été pondérées en fonction des données du recensement pour s’assurer que l’échantillon correspondait à la population du Canada selon l’âge, le sexe, le niveau de scolarité et la région. Les totaux peuvent ne pas totaliser 100 en raison des arrondis.

Cette enquête a été commandée par la Fondation Rideau Hall.