Le Prix Michener rend hommage aux contributions journalistiques exceptionnelles et impartiales qui aident à instiguer le progrès social. Créé en 1971 par le très honorable et regretté Roland Michener, gouverneur général du Canada de 1967 à 1974, ce prix est la plus grande distinction journalistique au pays.
Le quotidien La Presse s’est vu décerner le Prix Michener 2024 pour l’excellence de son journalisme d’intérêt public.
Le prix a été remis lors d’une cérémonie qui s’est tenue à Rideau Hall et qui a été présidée par Son Excellence la très honorable Mary Simon, gouverneure générale du Canada. L’équipe de journalistes d’enquête de La Presse, composée d’Ariane Lacoursière, de Caroline Touzin, de Gabrielle Duchaine et de Katia Gagnon, a publié une série de reportages détaillés dénonçant le dysfonctionnement généralisé du système de protection de la jeunesse du Québec. Leurs reportages ont révélé des situations effroyables d’enfants enlevés à leurs parents pour des motifs injustifiés, placés en isolement, exposés à des contraintes physiques et soumis à de la maltraitance sexuelle dans des familles d’accueil ou des centres jeunesse. Leur travail a amorcé des changements importants, dont la démission de la directrice provinciale de la protection de la jeunesse. Le gouvernement du Québec a par ailleurs créé un poste de commissaire au bien-être et aux droits des enfants.
Pendant la cérémonie, chaque finaliste a fait part de ses réflexions sur l’enquête. Entendre le récit choquant directement de la bouche des journalistes a été un rappel fort en émotion que le journalisme d’intérêt public ne se contente pas de révéler des faits : c’est plutôt un moyen indispensable de protéger les membres vulnérables de notre société, de forcer l’amélioration des institutions, et même de sauver des vies.

En plus de La Presse, cinq autres salles de presse ont reçu une mention d’excellence pour leur journalisme d’enquête, dont les répercussions ont résonné dans le monde réel :
Global News – Enquêtes sur l’approvisionnement fédéral
Global News, en collaboration avec l’Université des Premières Nations, a révélé l’octroi de contrats abusifs pour des tests rapides de dépistage de la COVID-19 ainsi qu’un stratagème frauduleux où des entreprises se proclamaient autochtones pour profiter d’une stratégie d’approvisionnement fédérale. Ces reportages ont déclenché des enquêtes en matière d’éthique, deux audits et la démission d’un ministre.
Globe and Mail – L’algorithme
À la suite d’une éclosion de listériose, les journalistes Grant Robertson et Kathryn Blaze Baum ont dévoilé comment un algorithme d’inspection défectueux a permis à une entreprise alimentaire de se soustraire des mécanismes de surveillance. En effet, les installations à l’origine de l’éclosion n’avaient pas été inspectées depuis plusieurs années. Le travail d’enquête a mené à une vérification du fédéral et à la fermeture définitive de l’usine fautive.
Globe and Mail – Le problème avec les agences de placement en soins infirmiers
Les journalistes ont examiné des contrats qui faisaient appel au personnel infirmier du secteur privé pendant la pandémie, découvrant ainsi des taux horaires de 300 $ et des dépenses non justifiées. Cette série de reportages a précipité la tenue d’audits, des réformes législatives et l’adoption de nouveaux règlements au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve-et-Labrador.
Toronto Star – Enfants en crise et La fille invisible
Ces deux enquêtes ont levé le voile sur des défaillances majeures du système de protection de l’enfance de l’Ontario, soit l’hébergement d’enfants dans des motels et la mort évitable d’une fillette de 4 ans. Les reportages ont été à l’origine d’un audit provincial et d’excuses publiques sur les déboires du système.
Vancouver Sun – La mort évitable d’une étudiante universitaire
Ce reportage émouvant sur la surdose d’une étudiante universitaire a lancé de profonds changements dans l’approche relative aux drogues en Colombie-Britannique, notamment en ce qui concerne l’accessibilité des vaporisateurs nasaux de naloxone, l’obligation d’offrir une formation en RCR dans les écoles, et la mise à jour des protocoles d’intervention d’urgence sur les campus.
C’est en 2019 que la Fondation Rideau Hall s’est associée à la Fondation des Prix Michener pour renforcer le programme et permettre sa pérennité. Ce partenariat assure que les Prix Michener continueront à récompenser le journalisme au service du bien public à la grandeur du Canada.
« L’un des mandats prioritaires de la FRH est d’accroître les connaissances et l’engagement du public à l’égard de la démocratie multidimensionnelle du Canada. Le journalisme d’intérêt public est une des pierres angulaires d’une saine démocratie, et les Prix Michener couronnent certaines des meilleures démarches journalistiques au Canada. »
Teresa Marques, présidente-directrice générale de la Fondation Rideau Hall
Depuis sa création, le Prix Michener a rendu hommage à une vaste gamme de salles de presse – petites et grandes, axées sur l’écrit ou l’audiovisuel, de langue anglaise ou française, situées partout au pays. Première distinction journalistique nationale à regrouper aussi bien les médias écrits qu’audiovisuels, le Prix Michener continue à reconnaître le rôle crucial du journalisme dans le maintien d’une démocratie saine.
Pour en apprendre davantage sur les Prix Michener et les lauréat.e.s de 2024, visitez le www.prixmichener.ca.